
Colloque
des Samedi 6 et Dimanche 7 Mai 2000
à LA CHARTREUSE de Villeneuve-Les-Avignon
'A
la mémoire de Jacques Hassoun.'

"
La transmission est une page d'écriture, un
récit qui conte le geste des anciens que chacun
lira, re-écrira à sa manière "
Jacques
Hassoun
Argument Intervenants
Interventions Prélude
Argument
Le
Point de Capiton est né en 1989, non du souci de "faire
école ", mais du postulat suivant : pour transmettre
quelque chose d'une expérience, et plus particulièrement
de l'expérience analytique, il faut que soient réunies
quelques conditions, dont la principale est le respect
de la parole, en ceci que c'est par sa parole que le sujet
se risque dans le lien social. Le tournant du siècle a
donc inscrit le dixième anniversaire de cette aventure,
qui a pour autre condition de se savoir possiblement éphémère.
En
1990, face aux événements tragiques de Carpentras, les
membres du Point de Capiton ont été dans la nécessité
de "dire et faire silence tout à la fois ".
Le colloque organisé alors s'intitula " La Loi, les
mots, le silence ". Une exposition, "calligraphies
arabes et Droits de l'Homme ", était présentée lors
de ce Colloque.
Jacques
Hassoun fut celui qui nous accompagna et nous soutint,
autant dans la préparation de ces journées, que par sa
réflexion pendant le colloque, après-coup, et pendant
dix ans. Sa perte est pour nous immense, comme elle l'est
sans doute à tous ceux et celles qui trouvaient dans ses
ouvrages quelque chose de l'impertinence nécessaire à
tout sujet pour qui un texte, une action, une pensée ne
vont pas 'de soi' ; pour qui le 'souci politique' équivaut
à questionner 'le lien entre le mal-être individuel et
la Cité, la 'polis', comme l'écrit G. Garner dans sa préface
à 'Actualités d'un malaise', ouvrage posthume de J. Hassoun.
Ce
questionnement se poursuit donc par cette proposition
d'Edith Thibault : " Que s'est-il passé pour qu'un
texte, au sens de texture, fasse rupture du temps dans
la structure même de la civilisation, marque un avant
et un après, et fasse passage à du nouveau ? Ce que nous
repérons à l'uvre chez le sujet dans son inscription
dans et par le symbolique, comment ça se noue dans l'histoire
d'une civilisation ? "
Aborder
la question de la loi symbolique et des textes 'fondateurs'
ne vise pas à rabattre la réflexion du côté d'une réponse
à propos de l'origine, sur le versant du dogme, analytique,
religieux ou scientifique, mais au contraire à ouvrir
les interrogations des uns et des autres quant à son rapport
au texte, et plus particulièrement à ce qui fait "texte
fondateur " pour le champ dans lequel il travaille.
Il ne s'agira donc pas de chercher un syncrétisme de la
pensée.
Un
texte 'fondateur' ne serait-il pas un texte 'qui inscrit
quelque chose du rapport du désir à la loi, et qui fonde
toute possibilité de parole ? " (E. Thibault)
C'est
cette hypothèse que nous 'effeuillerons' par une interrogation
de la 'Loi symbolique' dans son rapport aux textes dits
'fondateurs' : La Bible, le Coran, mais aussi la Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme, ou pour la psychanalyse,
la Traumdeutung.
Simone
Molina, présidente du Point de Capiton
Programme
Samedi
6 Mai
Ouverture : Daniel Girard. (Directeur de La Chartreuse)
Simone Molina, Edith Thibault. (Point de Capiton)
Qu'est-ce
qui se 'trame' dans le collectif ?
Du
sujet dans son rapport au texte .
Dimanche
7 mai
D'un au-delà de l'écriture ?
Loi symbolique et désir : une texture ?
Intervenants
Marie Balmary : Psychanalyste (Paris)
Latifa Ben Mansour : Psychanalyste -Ecrivain
(Paris)
M.France Bonnet: Psychanalyste, Universitaire,
Marseille
J-François Coudurier : Psychanalyste (Aix-en-Provence)
Alain Didier-Weill : Psychanalyste- Ecrivain
(Paris)
R-Ramzi Geadah : Psychologue et Historien.Universitaire,
Directeur du CICERF (Paris)
Jacques Guilhaumou : Historien (Marseille)
Gérard Haddad : Psychanalyste (Paris)
Alex Lhermillier : Anthropologue (Marseille)
Simone Molina : Psychanalyste. Présidente
du Point de Capiton.
René Pandelon : Psychanalyste (Montfavet)
Edith Thibault : Psychanalyste (Carpentras)
Jean-Claude Xuereb : Poète, Magistrat
Honoraire, Avignon
Discutants
Claudine Cortasse : Psychanalyste
(Carpentras)
Michel Fennetaux : Psychanalyste (Paris) (sous
réserve)
En résidence à La Chartreuse : Elsa Solal
: Ecrivain (Paris)
et Mohamed Kacimi : Ecrivain (Paris)
René Pandelon : Psychanalyste (Montfavet)
Toni Paoli : Directeur d' Ets à caractère
social. (Vaucluse)
Henri Prost : Psychanalyste (Lyon)
Présidents de Séance : J.F
Coudurier, H. Feuerwerker, S. Molina, E. Thibault.
Ponctuations
Des textes de J. Hassoun, M Kacimi, E.
Solal seront dits par M. Kacimi,
et des comédiens du 'Théâtre de
l'Autre Scène'
Pour les ponctuations Littéraires
au cours du colloque :
Diseurs :
Mohamed Kacimi :
Textes de Jacques Hassoun.
Extraits du 'Banquet' et de 'Le livre de l'Eden' de Elsa
Solal
Théâtre de l'Autre Scène' :
Extraits de 'La confession d'Abraham' de M. Kacimi.
Texte de Jean Claude Xuereb : 'Dans le leure de la parole
donnée'
Exposition de
Gravures de PIZA, et de Tableaux
de Christian Revest
Avec l'ECRPF (Avignon) la Librairie
La Mémoire du monde, la Galerie Annie Lagier (Isle
sur Sorgue),
des Ecrivains en résidence à La Chartreuse.
Interventions
Roland-Ramzi Geadah : "Du Verbe
au texte : fondation, fente et refente"
Jacques Guilhaumou : "L'origine métaphysique
de la 'nouvelle langue politique' (Sieyes) "
Latifa Ben Mansour : "De la haine de la loi
à l'effacement de l'origine : fragment d'analyse
des prêches d'un discours intégraliste qui
n'est plus du 'semblant'"
Jean-François Coudurier : "Le Complexe
d'dipe est-il une lecture monothéiste d'un
mythe polythéiste ? "
Gérard Haddad : "Meurtre du Père
ou destruction du Livre"
Marie-France Bonnet : "Loi Symbolique et Père
Fondateur"
Marie Balmary : "La lecture est une aventure
"
Alain Didier-Weill : " Le secret de l'homme
"
Alex Lhermillier : " La parole fertile -De
la pointe de la flèche à celle de la plume
"
Simone Molina :" De la pluri-référence
comme fondation pour le sujet ? "
J.Cl Xuereb : " Entre l'Absolu du LIVRE et
une création hors-la-loi "
René Pandelon : " A propos des Ateliers
de Création Artistiques "
Prélude
Simone Molina
L'historien Joseph
Yerushalmi ouvre son ouvrage intitulé " Le
Moïse de Freud ", par un " Prélude
à l'attention de l'auditeur "
Le Prélude évoque la musique, quant à
l'auditeur, cela peut surprendre qu'un auteur n'en appelle
pas au lecteur !
Voici ce qu'il écrit : " Prélude et
non Introduction, car, pour l'essentiel cet ouvrage va
se présenter tout seul au fil des pages ; 'auditeur'
et non 'lecteur', car les chapitres qui suivent reproduisent
mot pour mot un cycle de conférences auquel je
n'ai rien changé, dans l'espoir qu'un écho
de la parole résonnera encore sous le texte imprimé.
"
'L'espoir que sous un texte résonne l'écho
d'une parole'
cela n'est pas une formule. Nous sommes
d'emblée menés au vif du sujet. Dans le
double sens du mot 'sujet'.
Etienne Roda-Gil,
un parolier, dont on peut dire comme d'autres auteurs
de chansons, qu'il est aussi poète, disait de l'écriture
de ses textes mis en musique et interprétés
par d'autres : la forme doit servir le fond. C'est ainsi
qu'une chanson est 'un objet', comme on le dit d'un objet
d'art.
Une fois donnée cette forme à partir d'un
fond qui vient de l'auteur du texte, les interprètes,
les musiciens, vont y ajouter leur style propre et l'on
ne saura plus qui aura écrit la chanson. Mais l'important
est qu'elle continuera à voyager.
Chacun la fredonnera, elle restera inscrite au répertoire,
puis elle sera oubliée, mais lorsqu'un événement
de la vie ou quelques mots l'évoqueront, elle resurgira
dans toute sa force ; non pas précisément,
telle qu'écrite, mais dans un mouvement de retour
et de recréation à la fois. Qui n'a pas
fredonné une chanson connue et qui ne s'est pas
surpris à dire un mot ou un autre dont il aurait
juré que c'était le texte même ! Mais
non ! tout à coup l'on s'aperçoit que c'est
un autre texte, légèrement différent,
légèrement décalé, qui apparaît
alors. Car le texte de l'auteur s'étant trouvé
attaché à des représentations subjectives
fortes à la première écoute, l'auditeur
s'en est emparé avec ses propres signifiants et
c'est eux qui ont voyagé dans le temps, et qui
surgissent par bribes
comme surgissent au réveil,
les rêves
Ou comme cette histoire de l'homme qui ne sais plus le
lieu, ni le moment ni la prière elle-même
mais qui sait qu'elle a été dite un jour.
C'est ainsi qu'en ce qui me concerne, je conçois
cet objet qui est en train de se fabriquer, et qui s'appelle
'colloque' : parler avec. De telle sorte que la parole
soit présente en ces lieux, tout autant dans ses
silences que dans son dire.
La forme qui a été donnée à
ces journées par les personnes qui les ont organisées
est là pour servir le fond. Mais ce fond est en
attente de se laisser dévoiler. Il le sera par
touches successives, de façon qui pourra apparaître
comme impressionniste, car il n'était pas dans
l'ambition du collectif de travail que ce colloque soit
exhaustif.
Il sera ce que nous en ferons : les intervenants qui viennent
avec leurs propositions et leurs questionnements élaborés
pour l'occasion de cette rencontre, les comédiens,
ces diseurs, qui ponctueront de ces paroles venues d'ailleurs
le cours de ces journées, les discutants, qui ont
cette charge d'accepter de se laisser surprendre et d'en
faire part à haute voix, et enfin vous tous, participants,
je l'espère, actifs lors des débats.
Ainsi, l'une des particularités de cet Espace de
Recherches intitulé 'Point de Capiton', est de
faire le pari que chacun puisse parler en son nom.
Faire ce pari est l'une des conditions pour qu'il y ait
du collectif, c'est-à-dire du lien social, et non
du groupe, de la masse.
L'autre condition est que la critique soit possible, c'est-à-dire
que chacun puisse s'y autoriser.
J'emploie ici le mot 'critique' non dans son second sens,
hélas aujourd'hui le plus courant de 'avoir à
redire sur tout', mais dans son sens premier : examiner
la valeur logique d'une assertion.
Comme le souligne Jacques Hassoun dans son ouvrage posthume
'Actualités d'un malaise', le consensuel groupal
est une des formes de l'atrophie de la pensée.
Il dit ceci plus précisément : " J'ai
tendance à considérer la critique comme
relevant d'une démarche subjectivante (
)
".
La critique s'oppose donc au " je n'en veux rien
savoir de mon propre désir " qui se formule
dans le reproche adressé à l'autre, mais
elle s'oppose aussi à la soumission à la
parole d'un maître à penser qui fait le lit
de tous les dogmatismes.
La critique est du
domaine non de la croyance, mais du débat, y compris
du débat intérieur pour celui qui porte
la critique adressée à un autre.
C'est pourquoi s'il y a débat, j'espère
que ce sera entre les intervenants et le public, mais
aussi entre soi et soi, chacun dans notre propre division
subjective. " Je est un autre " dit le poète.
Alors convions ce poète en nous, autant dans l'écoute
que dans la parole. Pour nous y engager les discutants
nous ferons part, sur le vif, de leurs remarques, questions
voire étonnement après chaque intervention.
Ils vous seront présentés ainsi que les
intervenants par les présidents de séance
qui ont pour mission d'animer les débats.
'La forme doit servir
le fond' ai-je dit tout à l'heure, citant les propos
du parolier.
Nous avons conçu ce colloque dans un double mouvement
: celui de la parole des intervenants dans un débat
avec vous tous ici présents, et celui qui va courir
comme évocation de cette " autre scène
" freudienne, l'inconscient, lequel ignore le temps
et la contradiction, et qui apparaît par ses effets
de façon impromptue au sujet parlant.
Cette " autre scène " sera celle de textes
choisis. L'un des textes sera un des fils conducteurs
: La confession d'Abraham de Mohamed Kacimi qui sera lu
par les comédiens du " Théâtre
de l'Autre Scène " si bien nommé. La
troupe fera ici une lecture partielle de son texte qui
est en cours de mise en scène par Pierre Helly
et qui sera présenté dans sa version théâtrale
pendant le prochain Festival d'Avignon.
Les autres textes présentés sont des textes
de différents auteurs qui seront nommés
à chaque lecture. Certains sont présents
dans cette salle, dont Jean-Claude Xuereb, poète
reconnu qui prépare une rencontre.
D'autres sont absents. Ceux qui sont absents nous manquent
à divers titres :
- Jacques Hassoun, qui nous a quitté le 24 avril
1999 et dont je dirai tout à l'heure combien il
a compté dans l'histoire mais du Point de Capiton.
- mais aussi, Mohamed Kacimi et Elsa Solal, qui sont absents
pour des raisons d'ordre éthique qui leur appartiennent
et que je respecte infiniment. Je veux les remercier pour
leur soutien et le travail de réflexion préparatoire
au colloque qu'ils ont mené avec Pierre Helly et
moi-même. Elsa Solal m'a écrit récemment
'combien elle espère que les textes lus feront
acte de présence symbolique'. Tous deux seront
donc présents au cours de ces journées par
deux extraits. L'un de la pièce intitulée
Démon écrite par Elsa Solal, et l'autre
d'un texte qu'elle a écrit avec Mohamed Kacimi
intitulé 'Le livre des commencements'.
Les comédiens, par leur lecture seront leur porte-voix.
Enfin seront lus également des extraits de ces
textes dits 'fondateurs' cités dans la plaquette
de présentation du colloque : La Bible, le Coran,
mais aussi la Déclaration Universelle des Droits
de l'Homme. Ils le seront, soit par l'un des comédiens,
soit par l'un des organisateurs du colloque.
Je remarque que aucun texte de Freud ne sera dit. Mais
la structure même du colloque fera écho,
je l'espère, à cette découverte majeure
de l'existence de 'cette autre scène'.
Enfin, comme à chacun des colloques organisés
depuis dix ans, à ce double mouvement de la parole
savante et de la parole littéraire ou poétique,
se noue un autre fil : celui de l'art pictural.
Dans leur ouvrage intitulé " Freud en Italie
", Antonietta et Gérard Haddad nous permettent
de saisir en quoi la naissance même de la psychanalyse
s'inscrit entre la dimension proprement subjective de
Freud aux prises avec son roman familial et la dimension
de la rencontre entre divers univers culturels : Le judaïsme
dont Freud est imprégné et celui de l'Italie
où il découvre l'Art (pictural) "grand
absent de la tradition juive dont il est issu ".
Ce serait donc de l'interrogation de Freud quant à
la réalité psychique, quant au texte biblique,
et quant à l'Art que serait né ce nouage
que l'on nomme psychanalyse.
Aussi, comme lors des précédents colloques
du Point de Capiton, a lieu une exposition multiple :
Le peintre et graveur brésilien Piza est présenté
par la galerie Annie Lagier de L'Isle sur Sorgue ;
Christian Revest expose quelques toiles et Jania Mila
vous donne à voir et à lire 'Trois Portraits'.
Des broderies iraniennes que Brigitte Demeure nous a fait
connaître, et qu'un de ses amis a bien voulu nous
confier, ainsi qu'une uvre brodée de Nicole
Richard, sont comme un rappel que eu lieu ici même
un autre colloque du Point de Capiton intitulé
'La création, Passage obligé ?' pendant
lequel avait été filée la métaphore
du tissu et du tissage, du pli et de la reprise.
Cette exposition a lieu dans une salle où se trouve
la Librairie et dans le couloir qui mène dans la
salle du Tinel.
Vous trouverez dans
le foyer les ouvrages des intervenants et d'autres auteurs
en lien avec le thème du colloque. Ils sont proposés
par la Librairie la Mémoire du Monde. Le Point
de Capiton met à la vente les Actes des précédents
colloques ainsi que des revues littéraires ou psychanalytiques,
ainsi que les Actes d'un colloque du Groupe Régional
de Psychanalyse intitulé " l'altérité
en question " datant de fin 1998.
Avant de terminer, je vous remercie vivement d'être
si nombreux en ce long week-end, je remercie les intervenants
et les discutants pour leur présence, ainsi que
les membres du collectif de réflexion qui a permis
la germination de ces journées.
Egalement, les comédiens du Théätre
de l'Autre Scène et Pierre Helly, metteur en scène,
et ceux et celles qui exposent en s'exposant.
Merci à La librairie La Mémoire du Monde
et la Galerie Lagier, ainsi qu'à l'ECRPF qui a
assuré un important travail de secrétariat.
Merci aux Etudiants de l'IFSI pour leur sens des responsabilités.
Ils vous accueilleront à la Buvette, et à
la Librairie et passeront les micros.
Merci à l'équipe régie de La Chartreuse
pour son efficacité et à ceux et celles
qui nous ont soutenu au sein de La Chartreuse.
Enfin ma reconnaissance va aux organisateurs de ce colloque
et aux membres du Point de Capiton, à Edith Thibaud
pour son initiative, et tout particulièrement à
Geneviève Badoc et Philippe Raimond, membres du
CA, pour leur constance dans l'effort, ainsi qu'à
Marcelle Geoffrey pour son aide inconditionnelle dans
la diffusion vigilante de l'information.
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